Ni ma mère ni mes nourrices ne s’emplissaient les mamelles, mais toi, par leur entremise, tu me donnais l’aliment de l’enfance, tel que tu l’as institué, selon les richesses disposées jusqu’au fond des choses. Tu nous donnais, à moi de ne pas vouloir plus que tu ne donnais, aux nourrices de vouloir me donner ce que tu leur donnais: de fait, elles voulaient, en vertu d’un sentiment réglé, me donner ce qui abondait de toi en elles, trouvant leur propre bien au bien qui me venait d’elles. D’elles? Non pas précisément, mais par elles: car tous les biens, ô Dieu, ils viennent de toi, toute santé me vient de mon Dieu, comme plus tard je l’ai reconnu, toi-même me le proclamant, au dedans et du dehors, par tes dons. pour lors, je savais téter et me tenir tranquille ou pleurer, selon que j’éprouvais dans ma chair bien-être ou malaise; cela sans plus.
Saint Augustin, Confessions, Livre 1