Il faut parfois laisser les gens s’enfoncer dans leurs erreurs

Avant sa conversion, Saint Augustin a eu une vie plutôt mouvementée. Sa mère, une femme pieuse, désespérée de voir son fils s’enfoncer dans ses erreurs, alla voir un évêque pour le supplier de réfuter les erreurs d’Augustin. Voici quelle fut sa réaction:

Lui, refusa et non sans prudence, pour sûr, comme je m’en rendis compte ensuite. J’étais, selon lui, incapable encore d’instruction, infatué, dans le premier feu de mon sectarisme et pour avoir, plus d’une fois, par des questionnettes, tarabusté (elle le lui avait signalé) bien des gens mal au couran. ” Allons! dit-il, laisse-le; contente-toi de prier pour lui le Seigneur; de lui-même, tout en lisant, il découvrira quelle erreur c’est et quelle grande impiété.” En même temps il raconta comment, tout petit, sa mère abusée l’avait livré aux manichéens et qu’il avait non seulement lu, mais copié à n’en plus finir presque tous leurs livres. Or, sans personne pour discuter et le convaincr, il avait vu comme on doit fuir cette secte-là; il avait donc pris la fuite. Son discours fini, ma mère, qui ne voulait rien entendre, insista avec force prières et avec des torrents de larmes, pour qu’il me vît et s’expliquât avec moi. Lui, excédé et agacé, finit par dire: “Va-t’en! Sur ta vie, ce n’est pas possible que le fils de telles larmes soit perdu.” Parole qu’elle recueillit, elle me le rappelait souvent au cours de nos entretiens, comme un oracle du ciel.”

Saint Augustin, Confession, Livre III.

Published by

emmanuel

Je suis le mari d'Esther, et le papa de Jean-Baptiste, Maxime et Benjamin. Mais je suis avant tout un pécheur, sauvé par la seule grâce de Dieu.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *